Guillermo Caivano
Maulice*Caleme (by Coralie Ruiz)
Vincent Destouet
Matisto
Emma Reyes
Victor Ruiz Colomer & Joe Highton
Iris Sanmartín Dalmau
Marie Schachtel
✿ special thanks to Stéphanie Cottin and to Hugo Stempezynski ✿
The show will be open the weekend & by appointment until april 26th, 284 bd voltaire, 75011 Paris, code A248
Turlututu, tralalala, tralalalère, tradériré, zim zoum zoum, font les onomatopées dans la vieille comptine du Chapeau Pointu. Aux côtés de la ronde Dansons la Capucine et de Frère Jacques, elle est la chanson pour enfant la plus emblématique qu’il nous reste de l’immesurable production musicale et poétique des goguettes. Ces rengaines sont plus ou moins sérieuses, souvent polissonnes, parfois politiques, et à plus forte raison lors des périodes tendues ou révolutionnaires. Ainsi on connaît des chants de goguette bonapartistes, mais on doit surtout à des goguettiers la célébrissime Internationale, ainsi que Le Temps des Cerises.
Ces « sociétés chantantes » ont existé par milliers, notamment au 19e siècle et constituèrent en quelque sorte la scène alternative, mais Ô combien populaire, de l’époque. Elles avaient pour but premier de s’amuser avec comme moyens principaux la bonne chère et la musique. Les goguettiers semble-t-il eux-même se laissaient porter par l’amour de la musique et du jeu sans trop prendre au sérieux, à priori, le fruit de leurs soirées.
Certaines goguettes étaient composées de messieurs poètes reconnus, d’autres, plus rares, de femmes désignées comme “poètes ouvrières”, ce qui apparaît maintenant comme une minimisation de leur oeuvre, une excuse presque, demandant dans les préfaces mêmes des recueils publiés une indulgence pour l’œuvre, qui ne saurait être autre que modeste, puisque venant de femmes et de classe ouvrière.
“C’est un fade lieu commun que d’opposer, dans chaque pays, à la banalité de l’art officiel, le caractère vraiment ethnique des productions populaires. (...) On sourit qu’un nationalisme de clocher tend de nos jours à exagérer la valeur ethnique de pauvretés touchantes. (...) Dans la statuaire et l’image, l’art populaire ne veut qu’émouvoir ; dans les arts mineurs, il ne tend qu’à orner. Il finit donc où l’art commence. Il n’y a pas d’art sans individualité fortement accusée chez l’artiste (...) Mais il n’est pas défendu de préférer la gentiane aux roses. Tout chef d’œuvre contient un cri d’orgueil : l’affirmation d’un homme. Cet art anonyme, à ras du sol, nous ramène à la modestie des origines.”
écrivait Marguerite Yourcenar (L’improvisation sur Innsbruck, 1929)
Ici, nous nous permettrons de la trouver trop catégorique et rassemblerons des œuvres qui nous semblent tendre à transcender ces distinctions. Des œuvres qui par l’apparente frivolité de leur sujet ou leurs techniques rudimentaires - leur fragilité, mais aussi leur foisonnement, leur générosité formelle, parfois leur mysticisme - rappellent certe les attributs des arts dit “populaires” sans que jamais cela n’empêche la singularité de leurs auteur.ices de rayonner et leur individualité de “fortement s’accuser”.
*
en
Turlututu, tralalala, tralalalère, tradériré, zim zoum zoum”, go the onomatopoeias in the Chapeau Pointu (pointed hat) old rhyme. Alongside Dansons la Capucine and Frère Jacques, it is the most emblematic children’s song we have left from the vast musical and poetic production of the goguettes. These refrains are more or less serious, often mischievous, sometimes political, and all the more so during tense or revolutionary periods. There were Bonapartist goguette songs, but more importantly, goguettiers gave us the famous revolutionary songs L’Internationale and Le Temps des Cerises.
These “singing societies” existed by the thousands,
especially in the 19th century, and constituted, in
a way, the alternative but highly popular scene of
the time. Their primary purpose was to have fun,
with good food and music as the main means. The
goguettiers themselves seemed to be carried away
by their love of music and play without taking the
products of their evenings too seriously.
Some goguettes were made up of well-known male
poets, others, more rarely, of women designated as
“poètes ouvrières” (working-class poets), which now
seems like a minimization of their work, an excuse
almost, asking in the very prefaces to the published
collections for an indulgence for the work, which
could not be other than modest, since it came from
women and the working class.
“It is a dull commonplace in each country to contrast the banality of official art with the truly ethnic character of popular productions. (...) One smiles that a parochial nationalism tends nowadays to exaggerate the ethnic value of touching poverty. (...) In statuary and imagery, popular art seeks only to move; in minor arts, it only aims to adorn. It thus ends where art begins. There is no art without strongly asserted individuality in the artist (...) But it is not forbidden to prefer gentian to roses. Every masterpiece contains
a cry of pride: the affirmation of a man. This anonymous art, close to the ground, brings us back to the modesty of origins,” wrote Marguerite Yourcenar (L’improvisation sur Innsbruck, 1929).
Here, we will allow ourselves to find her too categorical, and bring together works that we feel tend to transcend these distinctions. Works which, through the apparent frivolity of their subject or their rudimentary techniques - their fragility, but also their profusion, their formal generosity, sometimes their mysticism - certainly recall the attributes of the so-called “popular” arts, without this ever preventing the singularity of their authors from shining through and their individuality from “strongly asserting itself”.
Marie Schachtel,
God RU There, 2023, video, 3:03
Marie Schachtel,
Les Interstices, 2023, video, 3:02
Emma Reyes, sans titre, 1988, acrylic on paper, 108x91,5cm
Iris Sanmartín Dalmau,
Kodama, 2023, oil on canvas, 45,5x38,5cm
Emma Reyes,
sans titre, 1963, acrylic on paper 23x32cm
Victor Ruiz Colomer & Joe Highton
(Poster for) telepoesia at Rover.live, Manifesta Palermo, 9.11.2018, 2018, Algae from the Palermo creek, detritus from the city streets and the Manifesta o ces, 100x100cm
Victor Ruiz Colomer & Joe Highton,
(Poster for) regulateur De FLUX presents Contagiós featuring Julietta Ferrari, Jokkoo, Jonàs de Murias + special guests at sala
Vol, 13.7.2019, 2019, Recycled paper pulp, pollen and seeds from various plants pollinating in Barcelona in early summer, berbena detritus and other production processes in the studio
100x100cm
Guillermo Caivano,
OPO/Heart Sutra (in green), 2024
Mixed media on hessian mounted on wood
60x22x21cm